Mahmoud Karam / Translated By Maurice Saliba / Jul 11, 2010

Maassouma Moubarak est la première koweïtienne nommée ministre au Koweït. Le jour de son investissement, au Parlement, les députés intégristes et leurs acolytes ont fait une crise d’hystérie. Ils ont poussé des hurlements assourdissants en signe de protestation à l’arrivée de cette intruse dans le temple sacré des mâles.

 

Cette sombre défaite dans leur éternelle guerre contre la femme et sa privation de tout droit politique, a causé un préjudice humiliant à leur narcissisme masculin, à leur tyrannie religieuse comme à leur honneur tribal. Depuis cette humiliation inattendue, ils ne baissent pas les bras mais rejettent le fait accompli. Ils ont manifesté leur détermination à se venger de cette « femelle » « déficiente en matière d’intelligence et de religion ». C’est elle qui leur fait perdre la raison. Ils craignent dorénavant, qu’à cause de cette « femelle », leur puissant édifice de masculinité risque de s’évader, de se perdre et même de s’écrouler.

 

C’était une scène « cinématographique » effrayante pour ces intégristes qui observaient avec stupéfaction l’entrée d’une femme comme ministre au parlement dans leur pays. Ils n’avaient jamais pensé être un jour les témoins oculaires d’un tel événement « tragique », même dans leurs cauchemars les plus horribles.

 

Depuis que le Koweït a accordé aux femmes le droit de voter et de présenter leurs candidatures à toutes les consultations électorales, les appréhensions des intégristes refont surface. Leur sensibilité religieuse les incite à l’extrême vigilance de peur que la femme ne vienne en force leur disputer les sièges parlementaires et les éclipser de la scène politique.

 

Effectivement, toutes les religions penchent, par leur nature, pour la promotion de la virilité masculine. Les intégristes du Koweït ont hérité cette « gloire » religieuse. Ils l’affichent comme une décoration sur leurs poitrines pour marquer leur « super-islamité ». Ce comportement n’a rien d’étrange ni d’étonnant. Car, dans leur culture imprégnée de vieux préceptes religieux, la femme ne dispose pas d’une « côte droite » lui permettant d’acquérir un niveau égal à celui de l’homme ni de bénéficier de l’égalité avec lui. Elle doit rester un être mineur, inférieur et condamné à assumer toute sa vie les péchés de sa « côte tordue ». Elle doit éternellement subir les conséquences du poids des habitudes et des traditions, afin de rester coincée entre le marteau de la honte et l’enclume des tabous.

Il n’est pas encore étonnant de voir la femme représenter, dans leur imaginaire le plus dramatique, un symbole satanique visant, de façon délibérée, à les suborner comme à les induire dans des tentations malsaines.

Pour cette raison, ils s’abstiennent de la saluer à la main de peur qu’ils ne tombent dans le filet de la débauche ou de l’immondicité. Alors, en vertu de leur souci de sauvegarder la pureté et l’intégrité de la société, ils doivent forcer la femme à se draper dans les hardes de la vertu conformément à l’optique intégriste et à éviter toute mixité avec les hommes, puisqu’elle n’est qu’une oura, un objet de honte, qui suscite la sédition et la décadence.

 

Bien que l’histoire ne se répète et ne revienne pas en arrière, des intégristes veulent que la femme reste confinée dans les méandres inexplorés de l’histoire. Ils insistent afin qu’elle rejette le présent et le futur et qu’elle reste définitivement incrustée dans un passé lointain durant lequel elle n’était qu’un simple chiffre insignifiant dans la dure équation avec l’homme.

 

Les intégristes ne veulent pas comprendre que le temps les dépasse de plusieurs années lumière et que la femme n’accepte plus leur tutelle (religieuse) autoritaire. Chaque fois qu’elle réalise une victoire civilisationnelle, ils lui reprochent sa dépendance envers une culture occidentalisée et de la civilisation décadente de l’Occident. Ils minimisent la valeur de ses réalisations culturelles et intellectuelles en l’accusant d’incompétence pour assumer des responsabilités. A titre d’exemple, et suite à la prise de pouvoir de Maassouma Moubarak en ses fonctions comme ministre du Plan, ils ont diffusé des tracts signalant que le ministère qui lui a été confié est insignifiant, marginal et sans aucune importance. Ils n’ont trouvé rien d’autre que ces paroles creuses pour justifier leur défaite inattendue dans le combat visant à enterrer vivante la femme et anéantir ses réalisations nationales.

 

La vanité virile des intégristes qui débordent de narcissisme et de leur héritage religieux n’autorise pas la femme à devenir leur partenaire ni à être leur égale au niveau des structures intellectuelles et mentales. Ils ne trouvent aucune honte à rabâcher régulièrement d’anciens slogans, tels que : « La femme est un être déficient en matière d’intelligence et de religion », ou bien « Aucune communauté n’a connu la victoire ou la prospérité en confiant sa direction à une femme. » C’est ainsi qu’ils mènent avec assiduité et détermination leur campagne pour marginaliser la femme et l’enterrer intellectuellement, culturellement et psychologiquement. Ils veulent qu’elle reste agglutinée à sa fatale et éternelle destinée, acceptant aveuglement sa dépendance totale vis-à-vis du mâle.

 

L’une des manifestations les plus étranges et les plus étonnantes relevée dans la pensée des intégristes, se traduit d’abord par leur refus du droit politique de la femme, ensuite par leur protestation contre son entrée au cabinet ministériel. Les hurlements ayant accompagné la nomination de Madame Moubarak comme ministre, font partie de leur droit démocratique. Il est tout à fait analogue à leur choix démocratique, libre et intégral, de se marier avec deux, trois et quatre femmes.

Nous ne comprendrons jamais cette démocratie qu’ils veulent maintenir purement sa « masculinité » sans qu’elle soit mélangée ou agrémentée par une douceur féminine. Ce modèle civilisationnel destiné à la généralisation, est déteint de la démocratie obscurantiste des Talibans que le Mollah Omar a tenté d’établir en Afghanistan.

 

Comme elle est drôle cette « démocratie » qui doit exercer une tyrannie masculine intégriste sur la moitié de la société afin de devenir un modèle exportable vers le monde moderne et libre !

 

Ce n’est qu’une mascarade… pour le moins une caricature triviale.

 

(Source site Annaqed.com)

Disclaimer: The articles published on this site represent the view of their writers.